Editorial
Editorial
Nous ne savons pas si Galilée a vraiment dit „et pourtant, elle se meut!“ lorsqu'il fut contraint d'abjurer la vision copernicienne du monde à son procès en 1633. Il est en revanche indéniable qu'il a effectué des études scientifiques sur des manifestations physiques sur la terre et sur des mouvements dans le ciel. Mais les temps changent eux aussi: en 1992, Galilée a été réhabilité par le pape Jean Paul II1. Car elle, la terre, se meut!
Les cinq réalisations auxquelles la partie principale de ce cahier est consacrée prouvent qu'elle, l'architecture, continue aussi à se mouvoir! Au-delà des professions de foi formelles, la promenade architecturale réservant des surprises au niveau de l'espace n'a pas cessé d'être intéressante. La critique du traitement formel excessivement postmoderne a, par exemple, couvert jusqu'au silence la qualité géniale des parcours dans la Staatsgalerie de Stuttgart de Sterling. De la „promenade architecturale“ jusqu'au „junk space“ labyrinthique de Koolhaas, l'intégration du mouvement au projet s'opère selon des modalités très nuancées. Comme dans le cas historique du physicien et astronome italien, les recherches des architectes contemporains trouvent également leur propre chemin.
Dans les bâtiments de l'architecte espagnol Guillermo Vázquez Consuegra, il est question de relation à la mer, de quête de voyage et d'association de l'espace et du temps. Nous pourrions lire la matérialisation de l'immeuble de logements à Winterthour d'Axel Fickert et Kaschka Knapkiewicz comme un hommage aux palais vénitiens; de plus, les espaces sur un niveau et un niveau et demi s'imbriquent dans les appartements. Dans cet immeuble d'habitation Fickert + Knapkiewicz exaltent la complexité intérieure. Au niveau d'un bâtiment public, cette exaltation trouve un pendant dans la Casa da Música. Dans le centre ville de Porto, la salle de concert jaillit de la place comme un diamant aux facettes polies dont la forme change au moindre mouvement du spectateur. À l'intérieur, le bâtiment aspire les visiteurs dans un labyrinthe qui, à plusieurs reprises, s'ouvre brusquement sur l'extérieur.
Dans le texte sur l'Allianz-Arena à Munich, il est question „d'intensité focalisée“, de fascination de l'action au sein d'un anneau de coussins pneumatiques en forme de losanges. Dans le sport, il n'est question que du mouvement des joueurs sur le terrain: tout autour se développent les rangs emplis de spectateurs qui peuvent oublier tout le reste. Au contraire, seuls les collaborateurs paraissent rester sur place dans les halles de production de BMW à Leipzig, alors que les chaînes de transport réalisent un ballet mécanique au-dessus de leurs têtes. La forme dynamique a été cherchée à un tel point que même les parois bétonnées de l'architecture de Zaha Hadid semblent être en mouvement. Parfois nous considérons l'architecture de manière statique, presque comme un photographe qui cherche à recadrer une image. D'autres fois, nous la laissons se dérouler devant nous. Dans l'usine BMW, la différence n'est plus évidente à établir. (La rédaction)
1 On peut relire l'allocution du Pape Jean Paul II du 31 octobre 1992 à l'Académie papale des
sciences sur www.hyperkommunikation.ch/texte/papst_galilei.htm