Editorial
Editorial
Si on regarde autour de soi dans les gares suisses, on peut souvent découvrir de grandes peintures murales, qui, couramment orientées vers le tourisme, représentent la région environnante sous son meilleur jour. Parfois un peu cocardières, et pourtant souvent de bonne qualité artistique, elles dépeignent des paysages héroïques ou relatent des idylles aujourd'hui quasiment disparues. En 1937–1939, le hall de la gare de Neuchâtel, en Suisse romande, fut orné de trois grandes fresques murales de Georges-Henri Dessoulavy, natif de La Chaux-de-Fonds: „Le Doubs“ (le fleuve Français prenant source dans le Jura), „La Plage“ et „Le Port“. Aujourd'hui, les escaliers mécaniques descendant vers le passage souterrain menant aux quais, sont juste à côté du „Port“, pourtant, peu de voyageurs gratifient cette représentation monumentale d'un regard. Au premier plan posent trois femmes vêtues d'un aperçu de la mode vestimentaire des Années Trente et d'éléments d'habit traditionnel de Neuchâtel; au centre, on s'affaire autour d'un voilier, et à l'horizon émergent les „quatre-milles“ des Alpes Bernoises. Neuchâtel tout craché - il y a soixante-dix ans. Cette peinture qui a traversé les ans, deux jeunes gens qui n'y prêtent pas la moindre attention, et l'infrastructure moderne de la gare sont assez éloquents. Le chef-lieu fait aujourd'hui partie, à l'échelle de la suisse, des petites villes de taille moyenne.Au pieds du Jura et à peu près à mi-chemin entre le Bassin lémanique avec ses deux grandes villes Genève et Lausanne, et les métropoles en pleine expansion que sont Bâle et Zurich, Neuchâtel s'est retrouvée, au cour du siècle dernier, mis à l'écart des grands centres économiques. La ville et le Canton de Neuchâtel ne se battent certes pas pour leur survie, mais depuis une bonne dizaine d'années, politiques et économie cherchent le renouveau qui pourrait hisser la région dans une catégorie supérieure. Une partie de cette stratégie réside dans les investissements urbanistiques et dans les transports, qui, avec le renouvellement et le développement d'infrastructures publiques et privées donnent un nouveau ton et offrent la possibilité de se faire remarquer grâce à une architecture de qualité. Une part importante de ce cahier et cetera est dédiée à Neuchâtel, car la ville, avec son potentiel économique et culturel limité, connaît un sort que beaucoup d'autre villes de tailles similaires partagent - en Suisse comme ailleurs. Si ce calcul permet d'éviter, grâce à une croissance et un effort pour une qualité urbaine et architecturale la relégation dans une ligue inférieure, il permet – peut-être – même une ascension; rien ne peut encore le dire.Beaucoup de choses bougent de façon prometteuse à Neuchâtel. Le nouveau côtoie l'ancien, on se remet à construire, on assainit, on restaure. Qui sait, les fresques de gare de Dessoulavy connaîtront peut-être elles aussi un nouveau printemps. La rédaction